Mais alors, t’es plutôt verte ou libérale ?

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Depuis mon inscription au parti vert’libéral vaudois début 2016, voici LA question à laquelle je suis le plus souvent confrontée. Être verte et libérale, est-ce forcément un oxymore ? Sans surprise, je suis bien évidemment persuadée que non. Ingénieure de formation, je suis convaincue qu’un exemple concret vaut toutes les théories. Pour illustrer mes propos, voici un sujet d’actualité pour lequel la récolte de signatures en terres vaudoises bat son plein : la gratuité des transports publics.

Qu’il soit effectué en avion, en train, en bus, en bateau ou encore en voiture, tout déplacement a un coût. Le coût effectif du carburant consommé, de la construction, de l’exploitation et de l’entretien de l’infrastructure ainsi que du véhicule empruntés mais également le coût trop souvent non chiffré de son impact sur l’environnement.

 

À l’inverse des membres des jeunes vert·exs, de la grève pour le climat ou encore d’extinction rébellion qui s’engagent activement pour la récolte de signatures en faveur de la gratuité des transports publics, l’élue vert’libérale que je suis s’inquiète pour les effets environnementaux et économiques négatifs induis par une telle mesure.

 

Les initiantes et initiants justifient le bienfondé de leur projet en arguant que la gratuité entrainera un report modal massif de la voiture individuelle vers les transports publics. Mais qu’en sera-t-il des autres modes ? Une fois rendus gratuits, les transports publics n’attireront-ils pas également les cyclistes ou les piétons contribuant ainsi à une saturation encore plus importante en heure de pointe ?

Cette demande supplémentaire nécessitera un développement de l’offre afin de garantir confort d’utilisation et fiabilité des temps de parcours, deux critères largement cités après le coût quand il s’agit de justifier son choix modal en défaveur des transports publics[1]. Ceci représentera des coûts supplémentaires au détriment direct d’une mobilité active (à pied et à vélo) pourtant bien plus durable que le transport public.

Avec l’avènement de l’aviation low cost, le passé récent nous montre que le prix d’un déplacement peut conduire à une explosion des kilomètres parcourus surtout quand il s’agit de loisirs. Pourquoi la gratuité des transports publics ne produirait-elle pas un effet similaire ? L’effet escompté est-il de décupler le nombre de déplacements ainsi que les distances parcourues ? Sur ce plan à nouveau, les effets négatifs induits seront ingérables et pourraient même surpasser l’impact positif escompté du report modal.

Vous l’aurez compris, le financement exclusif des transports publics par l’État ne correspond en aucun point à ma conception vert’libérale de la société. Continuons de développer les alternatives au transport individuel motorisé, chiffrons consciencieusement et internalisons les coûts environnementaux des différents modes de transport pour que chacune et chacun soit libre de faire son propre choix, en pleine conscience de son impact environnemental et économique.

[1] Kaufmann, V. ; Gonzalez, J. ; Bernier, E. ; Drevon, G. & Messer M. A., Analyse des logiques de choix modal auprès de la population active vaudoise, Lausanne, 2019.

Bulletin du cercle démocratique du 4 novembre 2021